Il était une fois une étrange planète composée de plein de gens.
Elle était gouvernée par un étrange oiseau bleu, peu commun de notre Terre. Souriant tel un smiley, ce volatile était toujours sur ses gardes. Toujours éveillé et les ailes en arrière (WTF ?!), il survolait chaque page de ce monde.

Car oui, ce monde était composé de pages. On les appelait pages HTML, pour Haute Technologie de Mémoire Libre; tout ce que faisaient les habitants sur cette planète était enregistré.
Haute Technologie, parce que tout allait vite. Que ce soient des infos urgentes importantes, des vidéos débiles qui buzzent, des images lolantes (appelées là-bas "loltoshop"), tout y passait.
Et Libre, parce que chaque habitant était accepté librement et gratuitement dans cet univers.



Je disais donc que cet oiseau s'occupait de tout. Pourtant, quelques fois débordé, il laissait place à une gigantesque baleine. Là encore, des oiseaux, membres de la grande famille de l'oiseau le plus puissant dont je vous ai parlé au-dessus, venaient la chercher pour l'emmener je-ne-sais-où (un grand mystère de cette contrée).

Une des grandes lois du pays était de ne jamais dépasser la barre des 140 caractères dans une phrase, ce qui obligeait les habitants à être clairs, directs et concis. Par ailleurs, dans leur langage, on parlait plutôt d'un "tweet".

Une autre loi était d'avoir la possibilité de répéter ce que disaient les gens. Encore une fois, traduit dans leur dialecte, ça leur donnait deux lettres, un R et un T. Ils avaient même le droit de commenter ce que le peuple disait, c'était quand même la moindre des choses.

Pour se parler entre eux, ils devaient obligatoirement dire le nom de la personne à qui ils voulaient parler avant de commencer leur tweet. Bizarre, non ? Vous vous imaginez en train de parler à quelqu'un et de devoir répéter son nom chaque 140 caractères ? Impensable pour nous, mes chères terriennes et mes chers terriens.
Nous, nous pouvons chuchoter. Eux, ils devaient faire des DM pour être tranquilles dans leur coin.
Pire encore; pour se faire entendre seulement par un certain groupe, ils devaient dire "dièse" puis évoquer le sujet et enfin parler librement sur ce sujet (toujours avec une limitation de 140 caractères, vous imaginez ?!).

Il y avait donc beaucoup de restrictions, mais pourtant, ce monde continuait à vivre et était en perpétuelle évolution et expansion.


Certaines personnes se protégeaient plus que d'autres. Pour les entendre, il fallait d'abord y être autorisé en leur demandant gentiment.

Cette petite planète ne serrait rien sans son dialecte ultra-moderne. À base de "is.gd", "bit.ly" ou autres "tinyurl", les "twitteurs" (ou "twittos" pour les plus prétentieux) parlaient de tout et de rien.
Ils proposaient aux gens de les "follower". C'était la chose la plus gratifiante pour un habitant de Twitter. Bien sûr, être RT par quelqu'un était formidable au premier abord; mais on n'était plus impressionné par un RT au bout de quelques jours passés sur ce monde tant le taux d'utilisation de cette technique était élevé.
Être followé par un habitant populaire était quelque chose de formidable. On se pavanait devant sa "timeline" (sa vie sociale). Mais le mieux était d'être inclut dans un tweet d'une personnalité.

Tout ce petit monde cohabitait assez bien (malgré quelques presses citrons) dans cet univers assez fermé mais finalement très ouvert.

Et c'est ainsi qu'ils vécurent heureux et eurent beaucoup de tweets.

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